Je n’ai rien contre Louis Sarkozy mais son omniprésence médiatique m’a beaucoup agacé. A 28 ans, le fils de Nicolas et de Cécilia s’est vu offrir une tournée de rock star pour présenter l'édition française de son ouvrage Napoléon Bonaparte : L'Empire des livres. Peu importe que le livre soit bon ou pas, c’est évidemment son statut de « fils de » qui lui a valu ce déploiement de tapis rouge. Une pure construction médiatique aussi distrayante qu’indigente. Et une belle rampe de lancement pour ce jeune homme ambitieux, qui laisse entendre qu’il pourrait entamer sa carrière politique en se présentant aux municipales de 2026 à Menton (Alpes-Maritimes).
Il faut lire Arrêt sur Images (ASI) pour prendre le recul nécessaire. « Louis Sarkozy sur France 2 le service public ne devrait pas faire ça », tacle le site de décryptage des médias. Ouf ! L’honneur journalistique est sauf. Quelques jours plus tard, le même ASI décortique les propos ineptes du "toutologue le plus pistonné de la télé" sur le climat. Car Louis Sarkozy est déjà chroniqueur pour Valeurs Actuelles ou LCI, où il s’exprime sur tout et n’importe quoi. Le talent n’attend pas le nombre des années. Et ceux qui prétendraient que sa place à LCI doit beaucoup à son parrain Martin Bouygues, le proprio de la chaîne, ne sont que des mauvaises langues.
Pendant qu’on amuse la galerie avec le petit Louis, les futurs éditeurs du portail de La Presse libre font… du journalisme. Mediacités dévoile le très obscur et rémunérateur emploi de « directrice développement » que Marion Maréchal a occupé à la veille des européennes 2024 chez son futur prestataire pour la coordination de sa campagne. Le site d’investigation locale raconte aussi comment Laurent Wauquiez, l’officiellement ex-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a doublé la subvention de la collectivité pour sauver la ligne aérienne Le Puy-en-Velay – Orly, ce qui porte à 472 euros le montant des aides publiques par passager ! Et cela trois ans après que la chambre régionale des comptes a recommandé de supprimer la ligne.
Dans le même temps, Reflets poursuit son travail de fond sur les dispositifs de vidéosurveillance déployés dans nos villes en dépit de toute légalité (et oui !) et lève le voile sur les étranges accointances de la municipalité d’Orléans avec la sphère néonazie. Next, qui s’est fixé pour mission d’éclairer le citoyen sur l’impact du numérique et des technologies dans notre vie quotidienne, livre une enquête colossale sur la consommation d’eau et d’électricité des datacenters et de quatre géants du Net (Google, Amazon, Meta (Facebook, WhatsApp…) basée sur l’analyse des rapports environnementaux de ces entreprises. Les Jours publient leur 227e épisode (!) de L’Empire, leur série qui dévoile l’envers de l’effrayante croisade engagée par Vincent Bolloré. Quant à Politis, il ose le précieux pas de côté pour s’interroger, à l’occasion du de la grand’messe annuelle Viva Technology, sur ce monde parallèle qui célèbre « les start-up écocides » (…) où « l’écologie est l’éternelle absente car cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes ».
C’est pour que ces enquêtes trouvent un écho plus important dans l’espace public que j’ai rejoint La Presse libre. Ensemble, nous parviendrons peut-être à peser davantage sur l’agenda médiatique. Quitte, rêvons un peu, à occuper la place trustée par Louis Sarkozy grâce à la complaisance coupable de certains médias.
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